Tirana - la capitale et l'énergie de l'Albanie
La capitale de l’Albanie incarne l’état actuel du pays : Tirana est une ville très dynamique qui a subi beaucoup de changements ces 20 dernières années. Ici, une architecture moderne surgit parfois au milieu de quartiers anciens, créant des combinaisons de styles inhabituelles.
La ville de Tirana
Tirana a été particulièrement marquée par la période communiste d'Enver Hoxha. La capitale de l'Albanie n'est donc pas une ville-musée illustrant une période particulière, mais une véritable introduction à l'ensemble de l'histoire de l'Albanie.
Tirana est difficile à reconnaître pour ceux qui y étaient il y a seulement 5 ou 10 ans : les routes, les places et de nombreux espaces publics ont été reconstruits, des espaces verts ont été plantés, des pistes cyclables et des taxis électriques ont fait leur apparition, les trottoirs pour les piétons ont été élargis, les plus grands bureaux d'architecture du monde construisent de nouveaux bâtiments. Une métamorphose à l'échelle de celle de Tirana ne se retrouve nulle part ailleurs dans les Balkans.
Le contexte historique
Tirana a été fondée par le seigneur de guerre turc d'origine albanaise Sulejman Pacha en 1614, mais n'est devenue la capitale qu'en 1920. Tirana est donc la capitale depuis la création de l'Etat albanais indépendant.
Il y a un siècle, au moment de sa proclamation en tant que capitale, c'était une petite ville commerçante de 10 000 habitants. Aujourd'hui, elle compte environ 1 million d'habitants (officiellement beaucoup moins, mais on ne peut pas se fier aux statistiques).
Les quartiers de Tirana
Tirana est construite selon une structure radioconcentrique. La petite rivière Lanë, une rivière de montagne typique, traverse le centre-ville, divisant Tirana en deux parties, le nord et le sud.
Parmi les « quartiers » de Tirana, le plus souvent seul le « Blloku » est mentionné, mais il ne s'agit que de l'un des quartiers du centre. Il est difficile de désigner des « quartiers » car personne ne peut clairement dessiner un plan orthogonal dans cette ville chaotique. Néanmoins, nous allons essayer - nous allons identifier, sinon des quartiers entiers, du moins des points d'attraction importants de la vie urbaine de Tirana.
La place Skanderbeg
- le bâtiment du Théâtre national d'opéra et de ballet (généralement appelé simplement « Opéra »). Datant de 1966, il s'appelait à l'origine le Palais Staline de la culture.
- le bâtiment du Musée national d'histoire (1981)
- la mosquée Efem Bey (1823)
- la statue équestre de Skanderbeg (1968)
- la cathédrale orthodoxe de la Résurrection du Christ (2012)
- le bunker souterrain du ministère de l'Intérieur (aujourd'hui devenu un intéressant musée appelé BunkArt2). Lisez plus sur les bunkers en Albanie ici
- le musée de la police secrète – il est abrité dans un bâtiment discret près de la place, celui où se trouvait le quartier général de la police politique albanaise.
Il y a eu pendant trois ans sur cette place un monument à Hoxha lui-même : il a été inauguré en 1988 en mémoire du « grand leader ». Mais la chute du régime a été très rapide : dès 1991, les habitants se sont réjouis de sa démolition.
Aujourd'hui, dans le sillage d'une transformations à grande échelle, de hauts immeubles aux fonctions diverses, construits par les meilleurs bureaux d'architecture du monde, sont apparus autour de la place.
Le quartier du Nouveau Bazar (Pazari i Ri en alb.)
Il y a plusieurs allées dédiées à un marché aux puces, où l'on peut trouver des bustes de l'époque socialiste, des badges, des timbres, de la vieille vaisselle et des éléments d'intérieur. De nombreux objets sont liés à l'Union soviétique et à l'amitié que l'Albanie a entretenu avec elle. Et, bien sûr, il y a aussi de nombreux souvenirs (cliquez ici pour lire plus sur les souvenirs albanais).
Autour du Nouveau Bazar, il y a de nombreux restaurants et cafés pour tous les goûts ce qui rend ce quartier très conviviale.
Le quartier de Blloku
C'est le quartier le plus célèbre de Tirana, principalement parce que pendant la période communiste, il était fermé aux résidents ordinaires (d'où l'étymologie de « Blok »), et que c'est là que se trouvait l'élite de l'Albanie socialiste. En particulier s'y trouve la villa de l'inoubliable dictateur de l'Albanie socialiste, Enver Hoxha, ou celle de son bras droit, Mehmet Sheshu, Premier ministre et organisateur de la répression.
Après la chute du régime, il est devenu un véritable quartier bobo de Tirana - les meilleurs cafés, restaurants et bars y ont ouverts, et aujourd'hui la vie nocturne y bat son plein. D'une certaine manière, tout le quartier est une sorte de grande brasserie qui ne semble pas avoir de fin. Les guides qui ne recherchent pas l'originalité écrivent généralement qu'il faut absolument passer une nuit à Blloku, en allant d'un bar à l'autre. C'est une option, mais à notre avis, le quartier est intéressant à bien d'autres égards, et pas seulement pour ses bars. Nous vous conseillons de l'explorer aussi pendant la journée avec un guide local, afin d'en apprendre l'histoire et d'admirer ses peintures murales originales.
Le boulevard des Martyrs de la Nation (anciennement Viale del Impero)
Lors de l'occupation italienne, qui a commencé en 1939, le boulevard a conservé sa fonction symbolique centrale et a été baptisé « Allée de l'Empire ». Sous la domination italienne sont apparus des bâtiments caractéristiques de l'architecture fasciste totalitaire (le style Littorio, utilisé dans des bâtiments des colonies italiennes de l'époque de Mussolini), qui sont toujours utilisés aujourd'hui mais pour de nouveaux usages. La rectitude du boulevard, qui devrait plutôt s'appeler une avenue, peut être observée de manière purement géométrique : si vous vous placez devant l'Université polytechnique, vous verrez le monument à Skanderbeg.
L'architecte principal de l'époque fasciste – l'Italien Gherardo Bosio de Florence – a conçu et construit sur le boulevard, entre autres :
- Le Palais du gouverneur, 1941 (Palazzo della Luogotenenenza), qui accueille aujourd'hui le bureau du Premier ministre
- La Salle des Colonnes, où est abrité aujourd'hui le musée archéologique (Casa della Gioventù del Littorio Albanese), 1940
- Le Palais présidentiel (anciennement Palais royal et Palais des Brigades), achevé et reconstruit par Gherardo Bosio en 1941.
Sans entrer dans les détails de l'histoire de l'art, le style Littorio peut être décrit comme une combinaison de rationalisme et de classicisme, avec une monumentalité obligatoire. L'avenue des Martyrs de la Nation, à Tirana, compte certains des meilleurs exemples au monde du style Littorio.
La Pyramide de Tirana
À un moment donné, il a été abandonné et voué à la démolition.
Cependant, le gouvernement albanais a trouvé une solution en repensant le difficile passé du pays. La pyramide a été sauvée et reconstruite en 2021-2024 par le cabinet d'architectes néerlandais MVRDV pour devenir un nouveau centre informatique doté d'une magnifique terrasse d'observation à différents niveaux de la pyramide.
Une idée fausse mais courante (vous pouvez l'entendre même durant les visites guidées organisées par des guides amateurs) : le nom de la pyramide serait le « Mausolée de Hoxha ». Cela a donné lieu à de nombreuses légendes disant que l'ancien dirigeant serait enterré dans ce mausolée – mais cela n'a jamais été vrai. Dès le début le concept de la pyramide était un musée dédié à Hoxha.
C'est également de là que sont nées des légendes urbaines populaires sur l'ouverture dans la pyramide d'un McDonald's ou d'un autre symbole du capitalisme occidental. Toutes ces légendes proviennent d'Internet et de sources peu fiables comme le Petit Futé.
Aujourd'hui, la Pyramide de Tirana est à la fois un témoin du déclin de l'ère communiste et un symbole du travail de qualité effectué par les autorités sur la mémoire historique de l'Albanie.
Le grand lac et le parc de Tirana
C'est une belle zone de loisirs située juste derrière le bâtiment emblématique de l'Université de Tirana et la place Mère Teresa.
On y trouve également plusieurs mémoriaux importants, principalement dédiés à la Seconde Guerre mondiale. En particulier un mémorial en l'honneur des 45 soldats britanniques et australiens morts pendant la résistance. Un autre mémorial est consacré aux victimes de l'Holocauste et aux Albanais qui ont hébergé des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pour toutes ces raisons, nous vous recommandons de faire un tour auprès du grand lac et dans le parc de Tirana, notamment le soir après la visite d'un musée ou l'après-midi pour une pause café.
La rue Kavaja
C'est une rue importante pour les Tiraniens, qui se trouve à l'ouest de la place Skanderbeg.
Cette large rue commerçante et résidentielle n'est peut-être pas la plus touristique de la ville, mais elle offre un aperçu de la vie locale, et notamment des boutiques et restaurants typiques. Il est donc intéressant de la parcourir.
Le mont Dajti, le funiculaire Dajti express et les vues panoramiques sur Tirana
Un téléphérique vous emmène du pied de la montagne jusqu'au sommet (bien plus rapidement qu'une voiture car la route serpente). Au cours de ce trajet de 4,5 kilomètres, vous bénéficierez d'une vue magnifique sur le Dajti et sur la ville.
La terrasse d'observation au sommet du Dajti vous permet de voir littéralement toute la ville de Tirana, de sentir l'air de la montagne et de vous promener le long de sentiers aménagés. Près d'elle, on trouve des cafés et des restaurants, une aire de jeux et même une petite ferme avec des animaux, offrant l'occasion de se détendre. L'itinéraire est véritablement récréatif et éducatif, et il réjouit les yeux et les poumons.
Le meilleur moment pour prendre une photo de Tirana depuis le point de vue du mont Dajti est le matin. Après, vous aurez le soleil face à vous.
Non loin du pied du Daiti se trouve le principal bunker du pays (voir plus bas des détails sur ce musée appelé BunkArt1). C'est un ensemble construit dans les années 1970 par le « roi du bunker » Enver Hoxha pour lui-même et les dirigeants politiques de l'Albanie. La construction est étonnante : 3 kilomètres de tunnels, 5 niveaux, de nombreuses pièces et une infrastructure complète pour vivre à l'abri sous terre.
Les musées de Tirana
En tant que capitale de l'Albanie, il n'est pas étonnant que Tirana compte beaucoup plus de musées que les plus petites villes du pays. Parmi les principaux musées à visiter
Galerie nationale des beaux-arts (en rénovation)
Ce musée contient la meilleure collection du pays de peintures du réalisme socialiste : vous y verrez les principaux sujets et techniques des artistes dans la ligne de l'art autorisé. Pour le décrire simplement, les personnages représentés sont des super-humains héroïques qui construisent le communisme ( = le paradis) sur terre. La lutte n'est pas facile, mais le succès ne fait aucun doute.
Musée archéologique de Tirana (Place Mère Teresa)
Le musée présente une riche exposition de pièces allant de la préhistoire au Moyen-Âge. Compte-tenu de l'histoire albanaise, qui s'étend sur une longue période, la collection du musée de Tirana est très riche, depuis les tribus illyriennes jusqu'aux périodes grecque, romaine, byzantine et turque. N'oublions pas en outre que l'Albanie possède des centres archéologiques de renommée mondiale, tels qu'Apollonia ou Butrint, et que les fouilles archéologiques continuent de nos jours.
BunkArt1
Il s'agit d'une visite extrêmement intéressante, surtout si elle est menée par un guide qualifié. De plus, le bunker lui-même (même sans l'exposition) donne un aperçu de la vision du monde et des craintes du gouvernement communiste albanais.
BunkArt2
Ce n'est qu'en 2016 que le bunker a été transformé en espace culturel. Y sont exposés des photos, des vidéos et des documents sur l'histoire de la police albanaise de 1912 à 1991. Un volet distinct est consacré à la police secrète « Segurimi », dont les victimes étaient des personnes jugées politiquement dangereuses par le régime de Hoxha.
Retrouvez notre article sur les bunkers en Albanie ici.
Musée de la Police secrète Segurimi dans la Maison des feuilles (House of Leaves)
Dans une modeste maison près de la place Skanderbeg, un musée de la police secrète albanaise a ouvert ses portes en 2017. C'est ici que se trouvait le quartier général de la police politique, appelée Segurimi, pendant toute la période de l'Albanie communiste (1944-1991). À l'origine, ce bâtiment abritait une clinique tenue par des sages-femmes. Il a abrité la Gestapo pendant l'occupation allemande. C'est symbolique : il a ensuite accueilli les services secrets d'Enver Hoxha.
Dans les 31 salles de ce « musée de la surveillance », on peut voir de nombreux objets historiques, y compris l'équipement des services secrets pour la surveillance, l'écoute téléphonique, l'enregistrement des conversations, etc. En Albanie, on est conscient du nombre d'innocents qui ont souffert des activités de ces services.
La Tirana communiste
Le période communiste s'est étendue sur les années 1945-1991, et son héritage est très tangible à Tirana. Malgré la démolition de toutes sortes de monuments communistes et le changement radical de mode de vie, de nombreux sites de cette époque demeurent dans la ville. Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire, c'est bon à savoir.
« La Maison des Feuilles » abrite le musée de la police secrète communiste.
Et, bien sûr, doivent figurer dans cet inventaire les villas des anciens dirigeants – en particulier celles d'Enver Hoxha lui-même et de son plus proche associé Mehmet Sheshu.
Le Street Art et les couleurs de Tirana
Une visite des peintures murales et de l'art de rue de Tirana sait attirer son public.
On peut dire que 20 ans plus tard, les dessins de Tirana font partie de son identité et reflètent le dynamisme de la capitale albanaise.
La conclusion
Tirana est une ville étonnante et diversifiée. Aujourd'hui, elle est le reflet de l'Albanie moderne, changeante, dynamique et adepte de la vitesse. C'est une ville à plusieurs niveaux - à côté des quartiers pauvres et des maisons faites de bric et de broc se dressent des gratte-ciel modernes et sophistiqués. Dans le centre-ville, vous trouverez des albanais âgés jouant aux dominos ou aux échecs. Et à côté d'eux, de jeunes Albanais qui vivent au rythme de la métropole et se dépêchent de se rendre à une réunion d'affaires, à un cours de yoga ou à la banque.
Riche de tout cela, Tirana est aussi très accueillante.